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Delafosse s'attaque au personnel municipal des écoles


 

À Montpellier, comme dans toutes les grandes villes, c'est du personnel municipal qui accueille les enfants avant et après la classe et qui les encadre pour leur repas à la cantine, ainsi que les ATSEM qui assistent les enseignant·e·s des maternelles. Ces personnes ont des conditions de travail difficiles et sont mal payées.

Une très longue lutte

Depuis de longues années, ces salarié·e·s mènent des mouvements de grève pour défendre leurs revendications. Nous savons que quand des salarié·e·s font grève, elles/ils perdent le salaire correspondant au temps de travail non travaillé. Afin de minimiser leur perte de salaire et être entendu·e·s, ces salarié·e·s ont fait le choix de ne faire grève qu'une heure par jour, au moment où ça perturbait le plus le service.

Un blocage municipal

Malgré ces perturbations importantes, la mairie de Montpellier, sous la direction de Philippe Saurel a fait longtemps l'autruche en refusant toute avancée sur les revendications en déclarant que la question n'était pas locale et qu'elle ne pouvait donc rien faire car ces grèves étaient dues à des mots d'ordre nationaux lancés par la CGT. Cette fable a été largement relayée par la plupart des médias locaux qui se contentaient de relayer la communication municipale sur les services qui ne fonctionneraient pas, sans mener d'enquête sur le malaise réel de ces salarié·e·s.

La municipalité ne voulant jamais rien entendre, les grèves se sont multipliées pour les salaires, les effectifs, les remplacements, les conditions de travail. Cette multiplication a très fortement gêné les parents d'élèves qui apprenaient très tardivement que le service d'accueil ou de restauration ne serait pas opérationnel. Surprenant, alors qu'en cas de grève, c'est à l'employeur de prendre des dispositions pour l'information des personnes impactées, on a même vu la saurélie reprocher au personnel gréviste de ne pas informer lui-même les parents des grèves prévues.

De fortes tensions

Cette forte gêne des parents a conduit à des réactions diverses, les uns protestant contre les grévistes, avec l'appui de la presse servile, comme si les revendications de ces salarié·e·s n'étaient pas justifiées, les autres protestant pour que la municipalité prenne en compte les revendications des grévistes. Et ça a duré des mois et des mois. 

La "gauche" en action

Dans sa campagne électorale, Mickaël Delafosse avait communiqué sur sa priorité : l'école. On pouvait donc s'attendre à un changement de politique sur ce plan. On a assisté à une approche différente, mais toujours le même fond politique : la fermeté contre les améliorations demandées par le personnel des cantines et de l'accueil. Après une enquête et sans engager de négociation avec les syndicats, l'équipe Delafosse se lance dans une offensive contre le droit de grève de ces agents en s'emparant de la loi macronienne du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, en allant jusqu'au bout de ses possibilités de nuisance au droit de grève. Ainsi, une personne, ne faisant qu'une heure de grève verra, dans tous les cas de figure, son salaire amputé d'un trentième par mois par "jour" de grève. Cette proposition a été unanimement rejetée par les organisations syndicales, même les moins exigeantes.

La décision du Conseil Municipal

Ce projet a été débattu au Conseil Municipal du lundi 8 février. Il a soulevé la désapprobation de tous les groupes d'opposition, de NousSommes à Clothide Ollier en passant par les élu·e·s du PCF et même ..... les élu·e·s macron-compatibles de la liste Saurel qui n'ont peur de rien en invoquant le socialisme et la défense intransigeante du droit de grève. Les élus de la majorité "de gauche" ont très massivement voté l'attaque contre ce droit, y compris les écologistes libéraux (47 pour, 1 abstention, 16 contre). Dans le débat, c'est Alenka Doulain qui a présenté l'argumentaire le plus sérieux et le plus complet contre ce projet. (voir son intervention de 5h58' à 6h 02' : cliquez ICI)

Encore un mauvais signe

Depuis son élection, après la poursuite et l'accentuation de la politique tout béton de Saurel, un cadeau à Nicollin et l'abandon du stade de La Paillade, Delafosse a multiplié les mesures populistes de droite : une approche uniquement répressive de la lutte contre la délinquance, en particulier dans les quartiers populaires, un harcèlement de l'économie de subsistance, des actions et une communication islamophobes, et une campagne de verbalisation des ultra-précaires livreurs de repas. Même nous ne nous faisions aucune illusion sur la politique que mènerait l'équipe Delafosse, on peut néanmoins être surpris qu'elle accompagne avec tant de zèle le libéralisme autoritaire macronien. Une nouvelle étape vient d'être franchie.

Être à l'initiative d'une mesure anti-grève est un acte politique fort, en continuité avec celle qu'avait menée le PS sous Hollande. C'est un très mauvais signe de plus pour la politique locale à venir.

Séraphin Langlois ( NPA 34)

Pour en savoir plus sur le sujet

UD CGT le 10 février : Trois organisations de la CGT prennent une position commune : Attaque contre le droit de grève

Le Poing le 9 février 2021 : Delafosse fait jouer une loi de Macron contre le droit de grève des municipaux

La vidéo du Conseil Municipal du 8 février (le sujet est traité de 5h 56' à 6h 28') : Conseil Municipal - Lundi 8 février 2021

Le D'Oc le 27 juin 2019 : « Mépris et langue de bois » : que cachent les grèves en série dans les cantines de Montpellier ?

Midi Libre le 17 janvier 2019 : La grève de cantine s'étend à 14 écoles de Montpellier

France 3 Occitanie le 28 janvier 2019 : Montpellier : la grève des cantines s'éternise, les parents d'élèves à court de solutions

France Bleu Hérault le 8 avril 2019 : "Elle est où mon Atsem ?" Des parents occupent l'école maternelle Madeleine Brès à Montpellier

 



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