Entretien.
1. Quelles sont les revendications de votre mouvement?
- En premier lieu la titularisation de tou.te.s les AED/AESH qui le
souhaitent. Nous souhaitons en particulier en finir avec la limite fixée
à six années maximum au sein de l’Éducation Nationale et avec les
menaces de non-renouvellement de contrat qui pèsent sur chacun d’entre
nous tout au long de notre carrière de la part des directions
d’établissements peu scrupuleuses. Cette titularisation devra entraîner
un dégel de notre point d’indice et la fin du SMIC perpétuel.
- La création du métier d’Éducateur Scolaire dans la fonction publique
(diplôme délivré sur concours, VAE ou automatiquement après deux années
d’ancienneté) et le droit à une formation de qualité.
- Nous voulons également passer de 40/42h à 35h par semaine, sans perte de salaire ni de congés.
- Le versement des primes REP/REP+(*) aux seuls personnels de l’Éducation Nationale qui n’y ont pas droit: les AED/AESH.
- La fin du temps-partiel imposé.
- Un recrutement massif d’AED/AESH.
2. Comment vous êtes-vous organisés et quelles sont vos relations avec les syndicats?
Les AED/AESH de France se sont organisé.e.s en collectifs
départementaux, académiques et régionaux, eux-mêmes participant aux
travaux quotidiens et aux AG hebdomadaires de la CNCA (Coordination
Nationale des Collectifs d’AED).
Dans l’Hérault, le Collectif Vie S’Colère 34 peut être fier du rôle
moteur qu’il tient à la CNCA car la grève reconductible du 19 janvier ou
la semaine morte du 22 mars: c’est nous qui les avons portées! Nous
sommes devenus depuis le 1er décembre une force de proposition appréciée
à l’échelle nationale et aidons de toutes nos forces les autres
départementaux dans la création et l’organisation de leurs propres
collectifs.
Nous mettons un point d’honneur à respecter le principe
d’auto-organisation des luttes. Nous sommes indépendants des syndicats
et, bien sûr, des partis politiques, mais nous ne sommes pas neutres, et
sommes résolument engagés sur des valeurs tel.le.s que l’éducation
populaire, la solidarité, la justice sociale, l’égalité, le respect des
libertés, le combat des intermittents pour la réouverture des lieux
culturels, l'antiracisme etc…
Quant aux syndicats, nous avons le soutien de la quasi-totalité d’entre
eux (SUD, CGT, SNES, FO, SNALC), bien que notre demande de
titularisation ne fasse pas forcément l’unanimité. Les positions de
certains syndicats (SUD et CGT notamment) sont particulièrement
appréciées pour leur respect vis-à-vis du principe d’auto-organisation
des luttes.
3. La semaine morte des vies scolaires du 22 au 26 mars est l'acte III de votre mouvement.
Quelles en ont été les étapes passées?
Tout a commencé dans les Bouches-du-Rhône en novembre 2020. Nos
camarades ont donné un bon coup de pied dans la fourmilière et ont
réveillé les AED de toute la France! Nous avons effectué un premier et
unique jour de grève le 1er décembre. Historique car inédit depuis la
création de notre statut en 2003!
Puis, nous avons fait monter la température avec une grève reconductible
le 19 janvier 2021 lors de laquelle des centaines de vies scolaires ont
fermé leurs portes dans tout le pays pendant deux, trois, quatre jours.
Du jamais vu!
Désormais, nous appelons à une semaine morte du 22 au 26 mars afin de transformer l’essai.
Et puisque le ministère entend jouer la carte du pourrissement, nous
sommes d’ores-et-déjà en train de finaliser la préparation de l’acte IV
de notre mouvement!
4. Quelle a été la réponse du ministère pour le moment? Et des autorités académiques?
Le ministre a joué le silence pendant deux longs mois avant d’être
interpellé par plusieurs dizaines de députés sollicités par nos soins.
Il a depuis, systématiquement, répondu par les mêmes éléments de langage
et a répété inlassablement les mêmes arguments préhistoriques: AED est
un job étudiant (alors même que les étudiants représentent aujourd’hui
entre 15% et 20% seulement de nos effectifs avec une moyenne d’âge de
30/35 ans) et un tremplin pour de futurs enseignants et CPE (5% de nos
effectifs).
Cela justifierait selon lui la “flexibilité” nécessaire,
le besoin de “turn-over” des personnels et donc la précarité de notre
statut, comme si par ailleurs un étudiant ne méritait que ça...
Quant aux autorités académiques, elles ont montré leur incompétence à
gérer les personnels précaires. Il n’existe même pas de pôle AED au sein
des rectorats! Nos interlocuteurs se contentent généralement de nous
lire les textes de lois tout en nous glissant du mépris de classe à
échéance régulière, par exemple “vous vous plaignez mais vous êtes quand
même mieux lotis que les livreurs Uber”.
Et depuis notre dernière audience en janvier, ils ne répondent même plus à nos sollicitations...
5. Vous avez plusieurs caisses de solidarité: comment fonctionnent-elles?
Comment les personnes solidaires de votre mouvement peuvent-elles vous soutenir?
Nous disposons en effet d’une caisse de solidarité départementale
ouverte à tou.te.s les AED/AESH du 34! Elle est hébergée par
Sud’Éducation 34 pour des raisons pratiques mais est gérée par le
Collectif.
Tout don, même modeste, est le bienvenu ! Même 5€ ou 10€
peuvent, à terme, nous être très précieux pour soutenir en priorité les
plus fragiles d’entre nous (parents isolés, familles nombreuses etc...).
Nous incitons également nos collègues à créer un maximum de caisses de
grève au sein de leurs établissements.
Pour vos dons, cliquez
ICI
ou utilisez le QR code :
Enfin, outre l’aspect financier, votre soutien moral est fondamental !
Et vous êtes d’ores-et déjà tou.te.s les bienvenu-e-s à l’ensemble de
nos actions et manifestations qui auront lieu durant notre semaine de mobilisation et lors de nos prochaines
actions, notamment la manifestation académique du jeudi 25 mars à 11h à
la Préfecture de Montpellier (Place des Martyrs de la Résistance).
6. Quelles sont les dates à retenir pour la suite de votre mouvement?
Nouvelles journées de grèves et de rassemblements, grande manifestation
de tous les collectifs à Paris, perturbation des examens, des
inscriptions... Dans les vies scolaires on a pas de pétrole, mais on a
des idées!
Face au silence et au mépris de l’institution, il est temps de hausser
le ton, et nous ne manquerons pas de communiquer le calendrier de nos
prochaines actions dès qu’il sera affiné!
Nous n’arrêterons le combat que lorsque nous aurons obtenu gain de cause!
#nousnesommesplusvospions
Propos recueillis par D. correspondant NPA34
* Il s'agit des primes versées aux enseignant-es dans les "Réseaux d'Éducation prioritaires".