Le jeudi 5 janvier à 20H, le cinéma Utopia de Montpellier projette le documentaire de Jamila JENDARI et Nicolas BEIRNAERT, "Il nous reste la colère" sur la lutte des ouvriers de Ford Blanquefort. Cette séance sera suivie d'une rencontre avec Philippe Poutou, un des acteurs de cette lutte.
----------------------------------------------
PRÉSENTATION DU FILM PAR UTOPIA :
IL NOUS RESTE LA COLÈRE
Jamila JENDARI et Nicolas BEIRNAERT - documentaire France 2022 1h37mn - avec quelques uns des 900 ouvriers licenciés de Ford Blanquefort, parmi lesquels Philippe Poutou...
Du 05/01/23 au 17/01/23
« Les
capitalistes n'ont qu'une seule peur, celle de la solidarité des
travailleurs avec la conscience d'être les copropriétaires des usines où
ils ont laissé leur santé. » Le regretté Michel Pinçon
C'est l'histoire tristement banale d'un grand groupe industriel qui fait
des profits grâce à la qualité du travail de ses ouvriers (plus de 6
milliards de bénéfice en 2017, l'année qui précède l'annonce de la
fermeture de l'usine de Blanquefort) tout en fermant une ou des usines
qui ont contribué au renom de la marque, C'est donc une histoire que
vous ne viendrez pas suivre pour le suspense : on connaît
malheureusement la fin. C'est celle de la fermeture de l'usine Ford de
Blanquefort, près de Bordeaux, et du combat de ses ouvriers. Un combat
plus relayé par les médias que beaucoup d'autres combats dans beaucoup
d'autres usines grâce à la présence parmi les salariés en lutte d'un
certain Philippe Poutou, par ailleurs trois fois candidat à l'élection
présidentielle au nom du NPA.
Du passé faisons table rase, c'est devenu la devise de Ford. Pourtant
l'histoire de cette lutte avait, 10 ans auparavant, plutôt bien
commencé. Le grand groupe américain avait pêché par excès de confiance
en annonçant en 2008 la fermeture de l'usine. La mobilisation des
ouvriers et des élus locaux avait stoppé net le siniste processus. Mais
quelques années plus tard la donne a changé, le nombre d'ouvriers a
baissé, leur âge a augmenté (on est à 50 ans de moyenne) alors que leur
syndicalisation est moindre. Et quand Ford revient avec une décision de
fermeture présentée comme inéluctable, la lutte est plus difficile à
mettre en route chez les ouvriers dépités et largement résignés à
accepter un chèque de départ conséquent...
Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert, deux jeunes réalisateurs bordelais,
ont décidé de s'immerger dans les coulisses de la lutte et des
négociations entre les ouvriers et la direction de Ford. Avec un travail
délicat, à la limite du pointillisme, le duo de réalisateurs montre
l’âpreté de la lutte, le découragement qui gagne avec des moments
d'intense émotion, ces moments de colère quand on réalise à quelle point
la confédération nationale syndicale ne suit pas les ouvriers de
Blanquefort mais aussi ces moments drôles (il faut dire que Philippe
Poutou ne manque pas d'humour) notamment dans un échange téléphonique
entre le leader syndical et le ministre de l'Economie Bruno Lemaire. Et
malgré l'échec final, ce qu'a réussi l'équipe des ouvriers en lutte de
Blanquefort c'est, comme en 1968, faire le pont avec le monde des arts
qui se mobilisa avec force concerts (Bernard Lavilliers, Alexis HK,
Didier Super... ), contribution de dessinateurs ou d'écrivains qui
donnèrent lieu à un très chouette ouvrage collectif, Ford Blanquefort même pas mort,
avec notamment un superbe texte de Sorj Chalandon, lu en fin de film,
dans lequel un ouvrier fait croire à son père malade sur son lit
d'hôpital que les ouvriers ont obtenu la victoire, rejoignant cette
phrase du philosophe marxiste Gramsci : « Les seuls combats perdus
d'avance sont ceux qu'on ne mène pas. »