Les Résistantes Larzac 2023
Pari tenu pour Terre de luttes, la Confédération Paysanne et Les Faucheurs-faucheuses d’OGM qui organisaient les Résistantes du 3 au 6 août sur le plateau du Larzac : 7500 militant.e.s, venus de toute la France, ont participé aux 121 ateliers, tables rondes, assemblées et projections.
Malgré le vent furieux qui gonflait le champ de tentes, les barnums, les rideaux des toilettes sèches, et obligeait les participant.e.s à apparaître en bibendum superposant sur elleux toutes les couches de vêtements de leur sac, ces trois jours ont permis d’approfondir les réflexions, de créer ou de renforcer les réseaux de luttes, d’organiser les prochaines actions.
La fête n’était pas en reste, avec théâtre, danse et concerts, pour les plus courageux jusqu’au cœur de la nuit.
Autogéré, le camp a fonctionné grâce à une marée de bénévoles qui ont œuvré pour les repas des cantines à prix libre (1,5 tonne de pain fabriqué par les boulangeries mobiles), la logistique, la bambinerie...Une mention spéciale au pôle soin, qui a accueilli celles et ceux qui avaient besoin d’un temps de repos, et a géré violences sexistes et sexuelles et conflits durant les rencontres.
L’évènement a eu lieu grâce au prêt de terres par des paysan.ne.s et l’appui de la maire de La Couvertoirade, avec une limitation du nombre de participant.e.s annoncée à 5000, qui a pu être incomprise, voire critiquée. Le lieu est resté toutefois ouvert à toute personne désireuse de participer.
Les Résistantes ont
été couvertes par des médias locaux et par Reporterre Voir ici
La lutte des paysans du Larzac, il y a 50 ans, et la vie sur ce plateau aujourd’hui, très inspirantes (voir à ce sujet l'article dans l'anticapitaliste et l’atelier à venir de l’université d’été), a fait l’objet d’émouvants témoignages, de tables rondes, sans oublier la pièce de théâtre « Larzac » et la projection du documentaire "le serment des 103, unis pour la terre au Larzac"
Trente ans plus tard, en 2003, le rassemblement sur ce même lieu, inscrit dans le mouvement altermondialiste réunissait plus de 100 000 personnes.
Difficile de rendre compte du foisonnement des réflexions, échanges et projets d’action tout au long des Résistantes, beaucoup d’enthousiasme, de plaisir de se retrouver.
Les prises de parole des collectifs organisateurs ainsi que des coordinations et assemblées de luttes1, lors de l’assemblée de clôture, ont exprimé clairement les liens entre les projets de destruction du vivant, qui pourraient apparaître comme locaux, et la logique globale du système capitaliste, néo-libéral, autoritaire, répressif et patriarcal.
D’où l’impérieuse nécessité de créer des réseaux, de démasquer les politiques de destruction, d’unifier les luttes, de faire bloc pour résister et riposter globalement. Nécessité aussi de réfléchir à l’après victoire, comme l’ont fait les anciens sur le Larzac, c’est à dire à l’organisation sociale que l’on créera, à partir de nos utopies, mais aussi des relations et de la confiance qui se sont créées dans l’action, entre militant.e.s de cultures et d’organisations différentes.
Si des liens ont été faits avec les attaques sociales du gouvernement, en particulier la réforme des retraites, les violences policières et le racisme, et si les militant.e.s croisé.e.s tout au long de ces quatre jours ont été bien présent.e.s et actifs dans les mobilisations de cette année, la nécessaire convergence avec les luttes sociales n’a pas été centrale dans les débats. Ce sont les paysans et paysannes, ce n’est pas si souvent, qui étaient mis en avant, défenseurs-ses de la terre, des semences et du vivant.
1Résistances aux fermes usines-RAFU ; Jardins populaires en lutte ; Coordination antinucléaire ; Déroute des routes ; Luttes contre les entrepôts et flux logistiques ; Comités locaux des amis des Soulèvements de la terre ; Coalition des luttes pour l’eau ; Assemblée pour des forêts vivantes ; Assemblée de lutte contre les méthaniseurs ; Assemblée des scientifiques en rébellion ; Coalition des luttes régionales ; Coalition contre le photovoltaïque.
Résistances dans l’Hérault
Le collectif « La déroute des routes », coalition de plus de 50 collectifs en lutte contre des projets routiers, se bat pour que cesse l’accaparement des terres et de l’argent public au profit de quelques intérêts privés et demande un moratoire sur tous les projets routiers.
Ce collectif donne rendez vous les 14 et 15 octobre pour le week-end Bloque Ton Periph contre le projet à 100 millions d’euros du département, Non au LIEN et son monde, Non à l’explosion de poids lourds, à la bétonnisation de la garrigue.
Focus sur les luttes antinucléaires
La dynamique de coordination des luttes antinucléaires s'est confirmée sur Le Larzac : moment qualifié d'historique par Angélique Huguin, figure de la résistance contre le centre d'enfouissement de déchets à Bure. L’article de reporterre rend bien compte de cet élan.
Les militant.e.s d'Arrêt du Nucléaire 34, venus en voisins, y ont participé en nombre.
La commémoration de l’anniversaire de la bombe d’Hiroshima le 6 août a pris la forme d'une déambulation sur le site avec lecture de textes et musique après l’assemblée des luttes antinucléaires.
La coordination antinucléaire, créée depuis l’assemblée de Tours du 16 février 2023, regroupe toutes les composantes du mouvement et a pour ambition l’organisation d’actions coordonnées face à l’offensive pro nucléaire.
Les rendez vous ont été pris pour les prochaines dates de mobilisation :
- 23 septembre 2023 : marches pour un monde sans armes nucléaires, en articulation avec la marche contre les violences policières. A Montpellier rendez vous à venir ;
- 22 octobre 2023 : actions locales sur tout le territoire contre le nucléaire, sa relance et toutes les pollutions ;
- 26 avril 2024 : Marches printanières régionales contre le nucléaire et son monde.
