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6 août 1945 : la barbarie civilisée s'abat sur Hiroshima...



Les Etats-Unis appliquent délibérément à une population civile le dernier cri des armes de destruction massive : la bombe nucléaire...






La ville d’Hiroshima, sans défense, va servir d’exemple de destruction massive avec la nouvelle arme et de terrain d’expérimentation. L’explosion tuera directement environ 80’000 personnes, en majorité des civiles. Une année après, 60’000 personnes supplémentaires seront décédées des suites de blessures, et en particulier d’une maladie encore inconnue jusqu’ici. La radioactivité continue de tuer bien après l’explosion et les incendies. Aucun médicament, aucun soin n’est possible.

 Comble du cynisme. Les Etats-Unis y établiront un grand «centre d’investigation» (ABCC) pour mieux observer les effets destructeurs de la radioactivité et y faire des études sur les différentes étapes des effets de la contamination radioactive. Par contre, aucune unité de soins, aucun hôpital n’y sera construit pour les victimes du bombardement. Cliquer ici


Si l’extermination des juifs par le Troisième Reich est comparable à d’autres actes barbares, elle ne reste pas moins un événement singulier. Il faut refuser les interprétations qui gomment les différences entre Auschwitz et les camps soviétiques, ou les massacres coloniaux, les pogroms, etc. Le crime de guerre qui a les plus d’affinités avec Auschwitz est - comme l’ont compris aussi bien Günther Anders que Dwight MacDonald - Hiroshima : dans les deux cas, on a affaire à une machine de mort formidablement moderne, technologique et « rationnelle ». Il n’existe pas moins des différences fondamentales. 

Tout d’abord, les autorités américaines n’ont jamais eu comme objectif - comme celles du Troisième Reich - d’accomplir un génocide sur toute une population : dans le cas des villes japonaises, le massacre n’était pas, comme dans les camps nazis, une fin un soi, mais un simple « moyen » en vue d’objectifs politiques. L’objectif de la bombe atomique n’était pas l’extermination de la population civile japonaise comme but autonome. Il s’agissait plutôt d’accélérer la fin de la guerre et démontrer la suprématie militaire américaine face à l’Union Soviétique. Dans un rapport secret de mai 1945 au Président Truman , le Target Committee - le « Comité du Cible », composé des généraux Groves, Norstadt et du mathématicien Von Neumann - observe froidement : « La mort et la destruction vont non seulement intimider les Japonais survivants à faire pression pour la capitulation, mais, en plus (a bonus), effrayer l’Union Soviétique. Bref, l’Amérique pourrait terminer plus vite la guerre et en même temps aider à façonner le monde de l’après-guerre »

Pour obtenir ces buts politiques, la science et la technologie la plus avancée ont été utilisées et plusieurs centaines de milliers de civils innocents, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés - sans parler de la contamination des générations futures par l’irradiation nucléaire. 

Une autre différence avec Auschwitz est, sans doute, le nombre bien inférieur des victimes. Mais la comparaison des deux formes de barbarie bureaucratico-militaire n’est pas moins pertinente. Les dirigeants américains eux-mêmes étaient conscients du parallèle avec les crimes nazis : dans une conversation avec Truman le 6 juin 1945, le secrétaire d’Etat Stimson faisait état de ses sentiments : « Je lui ai dit que j’étais inquiet de cet aspect de la guerre...parce que je ne voulais pas que les US gagnent la réputation de dépasser Hitler en atrocité ». 


A beaucoup d’égards, Hiroshima représente un niveau supérieur de modernité, aussi bien par la nouveauté scientifique et technologique représentée par l’arme atomique, que par le caractère encore plus distant, impersonnel, purement « technique » de l’acte exterminateur : presser un bouton, ouvrir la trappe qui libère la charge nucléaire. Dans le contexte propre et aseptisé de la mort atomique délivrée par voie aérienne, on a laissé loin derrière certaines formes manifestement archaïques du Troisième Reich, comme les explosions de cruauté, sadisme et furie meurtrière des officiers SS. Cette modernité se retrouve dans le sommet américain qui prend - après avoir mûrement et « rationnellement » pesé le pour et le contre - la décision d’exterminer la population d’Hiroshima et Nagasaki : un organigramme bureaucratique complexe composé de scientifiques, généraux, techniciens, fonctionnaires et politiciens aussi gris que Harry Truman, aux antipodes des accès de haine irrationnelle d’Adolf Hitler et ses séides. 

Au cours des débats qui ont précédé la décision de lâcher la bombe, certains officiers, comme le général Marshall, on fait était de leurs réserves, dans la mesure où ils défendaient l’ancien code militaire, la conception traditionnelle de la guerre, qui refuse d’admettre qu’on massacre intentionnellement des civils. Ils ont été vaincus par un point de vue nouveau, plus « moderne », fascinés par la nouveauté scientifique et technique de l’arme atomique ; un point de vue qui n’avait que faire des codes militaires archaïques et ne s’intéressait qu’au calcul des profits et des pertes, c’est à dire, à des critères d’efficacité politico-militaire. Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de scientifiques ayant participé, par conviction anti-fasciste, aux travaux de préparation de l’arme atomique, ont protesté contre l’utilisation de leur découvertes contre la population civile des villes japonaises. Cliquer ici  

Illustrations par NPA 34

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